« Delphine Gatinois s’intéresse aux équilibres séculaires bouleversés par la modernité, qu’il s’agisse du commerce ou du monde agricole dont elle est originaire. Elle mène des projets au long cours à partir d’expériences personnelles, ancrés en France, et à l’international, en particulier en Afrique de l’Ouest et en Amérique du Sud. Elle aborde des notions d’héritage, d’usages, de transmission et d’échanges. À partir d’une vision systémique centrée sur les rapports de force économiques, elle donne à comprendre les matrices dans lesquelles société et individus négocient, évoluent et s’adaptent.
Depuis sa pratique photographique, elle met en scène des objets symboliques dans une relation symbiotique avec les humains. Devenus sujets, ces objets en transit peuvent se mettre en mouvement : ils deviennent images, lesquelles, à leur tour, deviennent volumes, qui, eux-mêmes, deviennent objets. Ces décalages successifs modifient nos représentations. Cette grammaire plastique, représentative de sa pratique, n’est pas figée. Dans chaque projet, elle met en circulation des gestes, des costumes et des accessoires confiés à des performeurs familiers des objets d’origine ou qu’elle active elle-même. (…) »1
En 2022, elle entame des recherches autour des pratiques et traditions régionales françaises à travers deux contextes. Elle s’intéresse à la joute nautique, une pratique sportive traditionnelle pratiquée le long du Rhône et débute dans la Vallée de la Thur en Alsace : Passer l’Hiver.
« S’ouvre ainsi une recherche qui choisit de se placer sur le temps long. Un rapprochement que Delphine Gatinois va opérer sur plusieurs années, à observer des pratiques, collecter des objets, documenter les usages et les récits que la tradition agence autour d’elle. C’est aussi tout un travail plastique qui s’élabore, configuré autour de différentes techniques de production et d’édition d’images : de la photographie documentaire, de l’expérimentation sur matériaux textiles, la création d’affiches grand format déployées dans l’espace public, et la réalisation d’une œuvre vidéo à venir. Un travail plastique qui est traversé par des questions, nées du rapport qui s’établit entre un certain passé, dans lequel s’origine la tradition des Fackels, et le temps présent du monde dans lequel elle continue d’avoir lieu. »2
Depuis 2022, elle développe L’échine du chapiteau, dont découle Kèmè-Kèmè. A travers le grand marché de Bamako, elle aborde les questions économiques et politiques actuelles du Mali et de ses pays frontaliers. Ayant longtemps vécu au Mali, ce projet redéploie cette expérience pour la confronter à une actualité vive et urgente à être, sans arrêt, regardée.
1. Bénédicte Chevallier - Directrice de Mécènes du Sud. 2. Hélène Soumaré, tiré de Fixer des Vertiges, écrit sur le projet Passer L’Hiver.
Actualités
2024 : Résidence Mission de territoire / Projet PASSER L'HIVER - Vallée de Thann / Collectif des Possibles.